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14 février 2007 3 14 /02 /février /2007 16:45

Les enfants handicapés traités comme des moins que rien.

 

 

 

 

Tout d’abord je l’affirme, mais ensuite je suis également effaré de me rendre compte que pas mal de personnes considèrent qu’il n’y a pas de problème.

 

 

Le problème est vaste : il y a l’handicap physique ou mental, il y a les divers niveaux d’handicap.

 

 

 

 

Je voudrais juste parler de deux choses.

 

 

 

 

Premièrement, mon propre cas lorsque j’étais enfant. Vers mes 10 ans, j’ai commencé à avoir des douleurs terribles aux muscles. Les conséquences pour un gamin, hormis le mal, sont terribles : ne plus savoir marcher ou ne plus savoir se frotter le cul seul sont des souvenirs pénibles. Mais il y a tout le reste qui finalement est au moins aussi important et qui marque à vie une personne : la vision de l’enfant par les autres. Je me rappelle mon orthodontiste me demander pourquoi je marchais comme un canard. Je me rappelle mon professeur à l’école primaire, lors d’une promenade sous la pluie et dans le froid m’ordonner de marcher pieds nus dans la terre épineuse des Ardennes car « c’est bon pour les rhumatismes ». Il a fallu trois années aux médecins divers pour diagnostiquer que je souffrais d’une « spondylarthrite ankylosante » importante. Trois années où la douleur était peu pris en compte (ce qui a à présent changé, on ne s’est rendu compte que trop récemment que la douleur chez les enfants, surtout les très jeunes enfants, existait, fou non ?). Je ne vous raconte pas les médecins qui, faute de trouver une explication, m’accusait de mensonges. Ce n’est que lorsque cela se vu physiquement qu’on ma réellement cru. Pour autant, en milieu médical, on me traitait comme une chose (cette maladie chez un tout jeune, c’est intéressant) : je passais des mois en observation où l’on me faisait des radiographies quasi chaque jour ( !), des ponctions (et dire que j’aime toujours la moelle), des lavements. On me mettait à la maison avec des appareils barbares (je me rappelle d’une sorte d’étireur de jambe qui m’obligeait à rester deux semaines immobile). Mais la gentillesse des infirmières, des médecins ? Désolé, j’ai pas connu. J’étais garé à l’hôpital avec d’autres cas : enfants cancéreux et autres. Je me rappelle l’angoisse le soir dans mon lit, seul, à écouter les bruits de l’hôpital. Je me rappelle avoir pleuré toutes les nuits sous mes couvertures pour qu’on ne me remarque pas. Les jours où j’allais bien, lorsque j’étais en rue et que je boitais, la plupart des personnes me dévisageait. Uniquement boiter en rue est déjà dérangeant pour la majorité conforme. Pouvez-vous imaginer les autres handicaps ? Ma maladie a heureusement, dix ans après, évoluée positivement, et grâce à moi. Mais elle est toujours là à rôder.

 

 

Le pire, je dis bien le pire que vous pouvez faire lorsque vous rencontré un enfant handicapé, c’est parler de lui à son entourage comme s’il ne comprenais pas ce vous dites (qu’il soit handicapé physique ou mental). J’ai subi cette torture avec les médecins, avec les tiers divers, avec ma famille, avec mes parents. Et on entend comme ça des phrases « il me coûte beaucoup d’argent », « non, non, parfois je crois qu’il fait semblant d’avoir mal »,  « si j’avais pu avoir une fille ».

 

 

Je n’ose imaginer ce qu’aurait été mon présent si je n’avais pas retrouvé l’usage des jambes. Tout à fait différent, c’est certain, à cause du regard des autres. Mais passons au deuxième point, sujet réel de mon article.

 

 

 

 

Pour ce deuxième point, je prendrai l’exemple d’un enfant trisomique. Je ne suis pas un spécialiste, mais je suis assez informé et j’ai passé un stage, lors de mes études d’instituteur, à leur donner cours. Il est connu qu’un enfant trisomique n’est pas l’autre, qu’en général il a un visage différent, qu’il est lent. Sur base de ceci, en gros, on les fout dans des ghettos où la société les oublie. Je m’explique : ils vont dans une école spécialisée.

 

 

Tout enfant socialement apte à suivre des cours dans une école ordinaire doit le faire. Mais je vous entends déjà : les cours ne sont pas adaptés, il va retarder les autres et j’ai même entendu : mais il va se rendre compte qu’il n’est pas comme les autres.

 

 

A ceux qui pensent ça, je leur dit MERDE.

 

 

On ne peut penser cela que par égoïsme.

 

 

Les cours ne sont pas adaptés : à qui le sont-ils ? Au dernier de classe qui n’arrive pas à suivre et qui ne redoublera pas en primaire car il l’a déjà fait une fois ? Au surdoué qui se fait chier ? Au professeur qui aimerait donner autre chose ?

 

 

J’affirme qu’un enfant handicapé dans une classe est la meilleure chose qui puisse arriver à… cette classe. Avez-vous déjà vu comment cela fonctionne (puisque cela existe) ?  L’enfant handicapé est pris en charge par toute la classe. La classe apprend énormément : le respect, la différence, l’aide. L’enfant handicapé lui évolue bien évidement beaucoup plus vite. J’ai vu la semaine passé encore une émission où une fille trisomique avait réussi son bac. La seule chose qui l’avait vraiment marqué, c’était le regard des autres dans la rue. Et nous y voilà encore. Ne croyez vous pas que si ces même gens qui regarde les handicapés comme des bêtes de foires seraient différents s’ils avaient eu dans leur classe en primaire un enfant handicapé ?

 

 

Et si c’est possible, pourquoi finalement il n’y en a pas plus dans nos écoles ? Car le parent qui veux inscrire son enfant handicapé dans une école ordinaire doit se battre généralement avec la direction de l’école, elle doit avoir l’approbation de l’instituteur, mais surtout, surtout, elle doit être confronté à ce qui est le plus néfaste dans une école primaire : le comité des parents. Le comité des parents, c’est en général des individus qui secrètement savent qu’ils sont plus intelligents que les instituteurs, et donc savent aussi mieux comment donner cours.

 

 

Il ne faut pas oublier le pouvoir qu’elles ont : « si ce n’est pas comme ça, je retire mon gosse de votre école ». On comprend mieux pourquoi les « Parents » étaient contre la nouvelle loi en Belgique interdisant aux enfants de changer d’école dans un même cycle. Vous comprenez peut être une des raisons de cette loi, très mal argumentée. Alors vous pensez bien, ces personnes intelligentes ne vont pas laisser leurs enfants chéris se faire contaminés par des handicapés, se faire retarder. Car finalement, il y a des institutions pour çà. Et la boucle est bouclée. Je suis même persuadé qu’un certain nombre de parents qui admire réellement un exemple d’enfant handicapé intégré dans une école ordinaire serait tout à fait contre à ce que cet exemple se généralise.

 

 

Pour finir, je parlerai de mon expérience de stage dans une école spéciale. L’instituteur (qui a donc été formé deux semaines pour travailler dans ce genre d’école, uniquement de manière pratique, sans théorie) a bine une classe réduite : 15 élèves en moyennes. Le matin, je devais donner des calmants à certains puis donner 15 cours différents en fonction des connaissances de chacun. Ce n’est pas de l’humour, je parle sérieusement. Lorsque je donnais un devoir, j’en écrivais 15 différents. Je me souviens avoir entendu une remarque avant mon stage « Tu vas voir, c’est là où vont les instits qui n’ont pas trouvé de place ailleurs… ». Le progrès des enfants (car nous sommes tout de même dans une école) est ridicule.

 

 

Pour terminer : j’aimerais qu’on m’explique clairement : si un instit peut donner cours à 15 gosses de manière différentes, pourquoi ne le pourrait-il pas à une classe avec 1 handicapé inclus ? Bien que je devrais simplement écrire « pourquoi ne pourrait-il pas à une classe entière ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

V
tout à fait d'accord avec ce coup de gueule! mon pauvre, tu as souffert, j'ai souffert, d'autres souffrent...c'est dur la vie! mais c'est beau quand même, non? on a la chance d'être en vie, d'autres ne l'ont plus...<br /> la souffrance physique ou psy chez l'enfant, ça ne devrait pas exister, mais que faire? et face à ceux qui ne la comprennent pas, que faire aussi? la bétise humaine peut aller très loin!<br /> des souffrances d'enfance, on ne revient jamais, mais la résilience est une merveilleuse leçon de vie!<br /> courage et merci pour ces lignes, très justes, très dures, très vraies...
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