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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 13:54

 

 

Je me souviens du jour où je me suis disputé avec mon frère. Je me souviens du jour où je me suis disputé avec ma mère. Ce doit être peu après que mon père a décidé que je n’existais pas. Je me souviens avec douleur la dernière fois que j’ai vu mon grand-père. Je me souviens la dernière fois que j’ai vu ma grand-mère.  Et je ne sais même pas s’ils sont morts.

 

 

Hier en pissant, je regardais à droite le mec bien foutu sur le calendrier, puis à gauche le calendrier des anniversaires. Aujourd’hui : l’anniversaire de Jean. Faut pas que je l’oublie, même si le fait de lui souhaiter « bon anniversaire » avec quelques jours de retard en est presque devenu une tradition. Et puis, quelques jours plus loin, j’ai indiqué « Pa ». Et chaque année lorsque je lirai « Pa »,  je reverrai mon grand-père à l’hôpital, le visage tel celui du « Cri » de Munch, mais sans cri. Seulement le bruit de sa respiration, seul indice qu’il vit encore, parmi les bruits de l’hôpital : les bips des machines et les rires provenant du local des infirmières. Je n’ai pas osé le réveiller, j’étais moi-même défiguré par la douleur. Je me suis enfoui de l’hôpital. Parfois j’aimerais qu’il sache que j’étais là. Qu’il sache que je l’aime. Mais je suis certain qu’il le sait. Pa n’était pas de ce genre, il ne jugeait pas sur les apparences.

 

Je ne sais pas s’il est mort. Je suppose que oui.

 

 

Je ne sais pas ce qu’est devenue ma grand-mère. Comment elle a supporté le coup. Je sais qu’elle est profondément triste de ne plus me voir, mais elle a trouvé pleins de raisons de croire que toutes les fautes venaient de moi.

 

 

Je ne vois plus personnes dans ma famille. Personne.

 

 

Je suis certain que tout le monde me reproche de ne plus prendre contact. On me reproche surtout mes derniers mots à ma mère : « Pour moi, tu peux crever ».

 

 

Personne ne s’est jamais insurgé lorsque ma mère m’habillait, pendant toute ma jeune enfance, en fille, cette folie qu’elle avait jusqu’à me faire mettre un bikini sur la plage. Elle s’est arrangée pour ne pas être déçue de ne pas avoir su pondre une fille.

 

Personne ne s’est jamais insurgé de la différence de traitement entre mon frère et moi.

 

Personne ne s'est jamais insurgé lorsque, handicapé pendant quelques années suite à une maladie musculaire, tous avaient pitié pour ma mère et semblaient ignorer ma douleur et ma honte.

 

Personne ne s’est jamais insurgé lorsque ma mère me considérait comme « sale » alors qu’elle faisait allusion à autre chose et qu’elle voulait véritablement dire « sale PD ».

 

 

Personne, c’est ma famille, ce sont les amis de ma famille, ce sont les voisins. Se rendent-ils compte de ce qu’ils ont fait ou de ca qu’ils n’ont pas fait ?

 

 

Alors si dans un moment de colère j’ai pu dire à ma mère « Pour moi, tu peux crever », je ne le regrette pas, car m’éloigner de cette famille m’a sauvé. Je ne le regrette pas, et peut être je le pense.

 

 

Je vis ma vie, je suis épanoui et j’aime mon mari. Mais j’avoue que je pense souvent à mes grands-parents et à mon Oncle Félix, les seules personnes de ma famille qui ont été humain avec moi.

 

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commentaires

L
Je ne te connais pas et chaque histoire est unique, mais je reconnais beaucoup de choses dans ce que tu as écrit là.La résonnance est troublante, elle réveille de mauvais souvenirs, mais tu as raison: il n'y a rien à regretter.Courage et continue à être heureux, c'est la meilleure des réponses à donner à ceux qui te méprisent.
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L
Dire que l'on ne regrette pas ce genre de propos dans ce genre de situation c'est un peu comme dire que l'on ne souffre pas alors que la blessure est ouverte, mais anésthésiée.... attention au réveil...<br /> Ta famille... elle est là, autour de toi...<br /> Ton courage est tout bonnement aveuglant...admirable... et en même temps terriblement frustrant...<br /> Quand le masque tombe...<br />  
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T
Coucou jeune homme ! A la faveur d'un comm' laissé chez moi, je découvre ton chez toi ... et je dois te dire que cet article me laisse comme une boule au ventre. Bah bordel !<br /> Je vais tout lire ... je veux tout lire ... mais je profite déjà de l'occasion pour te dire ce que j'en pense. Au dela du fait que ce soit super bien écrit, la douleur que tu exprimes est touchante voire boulversante. Les histoires de famille, c'est toujours pareil : on y croise le meilleur comme le pire. Je suis tenté de te dire, parce que je radote à mort, que tu es la preuve que ce qui ne tue pas rend plus fort.<br /> Promis, je vais essayer de tout lire.PS : Pour les comédies musicales, j'crois franchement que je n'aime pas ça !!!
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R
Je ne répondrai que sur la fin : dommage pour les comédies musicales ! Mais je t'assure, c'est tout un monde (que je ne fais que découvrir) et c'est vachement intéressant. Bon benh, j'men vais lire la suite de ton blog ! A+
V
Le vrai courage n'est pas tant d'avoir supporté ce qu'on t'infligeait - Tu avais les mains liées parce que tu étais trop jeune et que les enfants sont très résistants-, même si du courage il t'en fallait bien sûr. Le vrai courage à mes yeux c' est d'avoir su envoyer se faire voir les gens qui ne te voulaient pas du bien! C'est de considérer que leur jugement ne vaut pas tripette. Ce courage - là je ne l'ai pas encore trouvé, mais grâce à des gens comme toi, que j'admire, je progresse dans cette voie. Merci, et pas de regrets à avoir.<br />  
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G
salut<br /> je viens découvrir ton blogtu as du beaucoup souffrir du manque de tolérance de ta mère et du reste de ta familleet d'après ce que j'ai lu ta mère a tout fait pour que du deviennes "un sale pd" en t'habillant en filleje me demande comment tu as pu supporter d'ête en bikini sur la plagetu avais quel âge à ce moment la?mais tu as un "mari" alros vis ta vie avec luiun proverbe dit on ne choisit pas sa famille mais ses amissois heureux avec ton "mari" et vis ta vie comme tu as envie de la vivre sans écouter les attaques des gens qui n'aiment pas les autres qui sont différents<br /> @+<br /> Michel
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